Première année 1961-1962
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Tout commence sur un rythme très soutenu à l'aube du Carnaval 1961.

Le 23 février 1961
André CAPOT, Jules DESMARETS, Pierre DUGAUQUIER, Jacques KESSE, Robert KESSE, André LIENAUX, Emile MERSE, Willy VANQUAELLE, Maurice WERY et Pierre WINCQ se sont réunis pour créer en une décision unanime la société de gilles "LES  COMMERCANTS"

Le 26 mars 1961
Les statuts élaborés par André Liénaux, notaire, et Willy Vanquaelle, avocat, sont proposés à l'acceptation des fondateurs et un bureau exécutif est constitué de Jules DESMARETS, président, de André CAPOT, secrétaire, et d'Emile MERSE, trésorier .

Le 27 mars 1961
Les fondateurs convoquent les futurs candidats membres à la première Assemblée Générale de la Société de gilles " Les Commerçants " afin de leur faire connaître ce qui a déjà été réalisé et afin de prendre les premières dispositions indispensables pour leur premier Carnaval en 1962.
Les fondateurs sont tous issus de la société louviéroise de Gilles "les Boute-en-train" et il est laissé à leur libre appréciation de participer ou non au carnaval 1961.

Le 29 mars 1961
Le bureau exécutif annonce au Comité des Fêtes (à l'époque une association des commerçants du centre louviérois et les autorités communales ) la naissance de notre société, certain qu'il appréciera cette éclosion à sa juste valeur pour le renom et le succès de notre beau carnaval.

Le  JEUDI 30 MARS 1961  à   19h30 ,
en notre local, l'hôtel " Mille Colonnes ",  a lieu la première Assemblée Générale.

Attentifs à "Danser le gille" plutôt qu'à le "faire", les fondateurs sont attachés, dès le premier jour, à plusieurs principes solides de base. Ils souhaitent un renouveau du carnaval louviérois dans le respect et la vraie tradition : tenue digne du gille en toutes circonstances, le port du masque pour son aspect hautement symbolique et habituel à tous les folklores, le souhait du port du chapeau de gille, mais pas de brûlage de bosses, ni de sortie à l'extérieur de La Louvière.

Ils contribuent, pour une bonne part, à ce renouveau voulu par beaucoup de responsables de sociétés, lorsqu'ils instaurent le ramassage des gilles lors des soumonces et plus uniquement au Carnaval. Ils sont les initiateurs des "Bandes de nuit"( voyez ce qu'il en est aujourd'hui. Les gilles n'en termineraient plus). Le spectacle a bénéficié des rondeaux de Société et dès la première année, "Les Commerçants " décident de participer en Travestis à une troisième soumonce. Cela constitue une gradation manifeste , après la soumonce en batterie et la soumonce en musique, vers l'apothéose du grand jour, le dimanche matin à l'aube.

Dans le même respect de l'habit du gille, de son personnage et de toute la symbolique qui l'entoure, les fondateurs refusent l'option louviéroise de brûlage des bosses. Le président-fondateur y est particulièrement opposé et n'admet pas qu'un gille mette genou à terre, fasse mine de pleurer la fin du Carnaval pour quand même le continuer plusieurs heures durant.

Les fondateurs insistent sur leur souhait manifeste du port du chapeau qui donne toute sa majesté au personnage du gille et invitent leurs membres à se joindre à des cagnottes boissons afin de rester groupés après chaque "passe" et d'éviter le spectacle pénible de gilles déambulants dans la ville en tous sens.

Ils veulent veiller à la qualité plutôt qu'à la quantité. Ils estiment impossible de danser le gille, comme il convient, si l'on n'est pas soutenu par la belle musicalité rythmée des airs de gille et cela arrive à partir d'un plus grand nombre. Ce souci s'est traduit concrètement par le souhait exprimé dans les statuts d'une limitation du nombre des grands gilles.

Enfin, dernier principe de base, se refuser aux déplacements, autre point malheureusement délicat à La Louvière. Tout vrai gille sait et surtout sent en lui que son Carnaval fait un seul bloc avec la répétition de batterie, les soumonces, les assemblées générales qui le préparent.
Chaque gille arrive ainsi, aux jours de son Carnaval, le cœur gonflé d'amour pour son folklore, la musique, les tambours, le costume et la chapeau du gille. Il est prêt à se montrer digne de sa royauté flamboyante mais éphémère.
Tout se processus rend impensable, qu'en un autre moment de l'année, on puisse réaliser cette communion d'ambiance, de joie, de fierté et d'amitié rencontrée au sein d'une société de gilles, digne de ce nom, telle qu'elle est vécue au cours des journées de Carnaval.
 
L'origine du nom choisi pour la société se retrouve dans une ancienne appellation de société à La Louvière et du fait que de nombreux membres exerçaient cette profession à la création.

La séparation avec la société de gilles " les Boute-en-train " fut difficile et donna prise, à l'époque, à certaines marques de susceptibilité. Il faut dire que les fondateurs faisaient partie pour certains du comité exécutif des Boute-en-train, vice-présidence et secrétaire entre autre.
Plusieurs divergences de vue non résolues et le nombre excessif de gilles dans la société les ont décidé à se séparer de la société des Boute-en-train. La motivation politico-religieuse ne fut que la petite goutte qui fit débordé un vase rempli à ras bord.
Sans claquer les portes, les fondateurs tirèrent leur révérence et emportèrent avec eux " l'Ancien"
Robert Delvigne, communiste convaincu mais amoureux du beau folklore, témoin qu'un membre accepté par le Comité d'Admission est un membre à part entière, quelque soit son âge, sa situation sociale ou ses qualités de danseur. S'il a l'esprit société, il est des nôtres.

Mais revenons à cette assemblée générale du jeudi 30 mars 1961 pour rappeler les contrats signés avec la batterie des " P'tits Cots " , c'est-à-dire les Hamaide, Georges, Henri, Georget et son fils, Léon et son fils Armand entre autres , et avec la musique de Paul Bougard , dit "le grand Paul" ou "Paul de Waudrez"( 14 musiciens ) .
Le Comité a frappé fort en engageant une batterie et une musique de haut de gamme.

Pour l'aspect financier, de nombreuses personnes généreuses s'intéressent, par sympathie, à cette jeune société et lui apportent leur soutien. Pour comparaison avec notre époque, la cotisation annuelle est fixée à 300 francs ( les petits gilles ne paient pas de mise). Une "cagnotte" (grande boite en bois munie de fentes) est placée dans la salle de billard du "Mille Colonnes". Une case est réservée à chaque membre et la cagnotte est gérée par un vérificateur aux comptes, Emile Kesse senior.
Clôture de la séance à 22 heures.
Tout cela a bien changé aujourd'hui.

Le jeudi 25 mai 1961
A lieu l'Assemblée Générale statutaire qui ratifie les premiers statuts , après quelques modifications et élit le premier Comité.
Il est composé de :  Président          :  Jules  DESMARETS
             Vice-Présidents :  Arthur JAUNIAUX, Maurice WERY                                       et Robert KESSE
             Secrétaire          :  André CAPOT
             Trésorier          :  Emile MERSE
             Commissaires   :  Pierre DUGAUQUIER, Ludo LUYCKX ,                                 Marcel VRAY et Pierre WINCQ.

Le Comité d'Admission est constitué du président, du secrétaire et de deux membres de la Société élus en Assemblée Générale.                                             Il s'agit de Jean ROMAIN et de Marcel VAN VAERENBERGH.                                                                                                                                                                                                        
Etaient présents : Pierre Embise, Emile Kesse, Jean Simonet, Pol Grégoire, Ludo Luyckx, Julien Ronneau, Jacques Kesse, Marcel Van Vaerenbergh, Pierre Wincq, Pierre Dugauquier, Maurice Wéry, Emile Merse, Jules Desmarets, André Capot, Willy Vanquaelle, Arthur Jauniaux, Jean Romain, J.P. Wéry, Robert Kesse, René Botte, J.Aerts, J.Dubois, Willy Pellering, André Liénaux, Yvon Lambert, Arthur Blaute, Marcel Lemaitre, Robert Leblicq, Jules Balasse, André Lété,  soit  30  membres.
Etaient excusés : Luc Saussez, Hubert Mahieu, A.Brouwet, Georges Deombrun, Jean-Jacques Nicodème, C.Malengret, Jean-Claude Balaes, Pol Desmarets et Pol Kesse.

Un comité d'Honneur reprend messieurs Jules Balasse, Fernand Liénaux, Arthur Blaute et Jacques Dugauquier.

A.G. du 20 octobre 1961
Les dates des répétition et soumonces sont communiquées et on débat la question du Travesti pour la soumonce générale ou celle qui en tient lieu. La majorité est favorable mais il est décidé que liberté serait laissée à chacun dans ce domaine.  

Le samedi 25 novembre 1961
La première répétition de batterie débute à 19 heures dans la salle du haut du local, l'hôtel Mille Colonnes.

Le samedi 9 décembre 1961
Toujours au local, le Comité décide de présenter à ses membres et sympathisants la musique au grand complet et organise une répétition de l'orchestre des cuivres avec la batterie.

Première soumonce, le 14 janvier 1962
Il est 16 heures, la société de Gilles " Les Commerçants " foule les pavés pour la première fois.
Vêtus du sarrau traditionnel à La Louvière, ils sortent du café " Stella " (actuellement le Maugrétout) et se dirigent vers le Drapeau blanc au rythme soutenu de leur batterie binchoise très réputée. Ils sont une quarantaine de grands gilles à créer une animation très remarquée. Les commentaires de l'époque ne manquent de relever que sans nul doute, une grande société est née !

A.G. du mercredi 28 février 1962
Se sont ajoutés à la liste des membres depuis l' A.G.du 25 mai 1961 :
-Fernand Liébin, Grégoire Chouliak, Roger Douillez, Robert Delvigne (dit l'Ancien), R.Staïesse, M.Bacq, J.Jaumot, Louis Tournade, G.Douillet.

A.G.du jeudi 29 mars 1962
Un an après la toute première A.G., le président J.Desmarets met l'accent sur :" la fraternité qui a uni tous les membres de la Société, d'où le succès obtenu, les gilles étant soudés les uns aux autres dans le même idéal."                               
Le président met au vote la question du port du masque. Il souligne qu'avant d'émettre un avis, chacun doit songer qu'il s'agit en fait de juger l'opportunité du port du masque sur le plan général folklorique pour la Société, et non pas sur un plan personnel. Avec 18 voix sur 33 membres présents, le port du masque est ainsi adopté. Le masque reste la propriété du gille et coûte 30 frs. Il est signalé que, dans l'intérêt de tous, la durée du port du masque sera limitée autant que possible.

Nombre de chapeaux relevé :  21 grands et 2 petits, soit  23 au total.






PREMIER  LAETARE 1962   
                                                                                                  Sur la photographie de groupe de la première année, on reconnait:
-à genoux  :  la batterie des P'tits Cots

-1er rang   :  Hubert et Philippe Kesse, Pierre Dugauquier junior, ? , ? , ? , ? , et Eric Wincq

-2ème rang:  Robert Delvigne(dit l'Ancien), Jean Simonet, Grégoire Chouliak, Alain             Dugauquier, ?, André Lété, Pol Grégoire et Arthur Jauniaux

-3ème rang:  Marcel Vray, G.Déombrun, Arthur Blaute, ?, Marcel Lemaire, Pierre Wincq,         Fernand Liébin et Maurice Wéry

-4ème rang:  Willy Vanquaelle, André Capot, André Liénaux, Louis Tournade, Robet         Leblicq, Pierre Dugauquier et Emile Merse

-5ème rang:  Robert Van Vaerengergh, Roger Douillet, Jean Romain, Pierre Embise,?,         M.Devos et Pol Kesse

-6ème rang:  Robert et Jacques Kesse, Jacques Dugauquier, Jules Desmarets, Julien         Ronneau et J.P. Wéry.


A.G. postcarnavalesque du 11 avril 1962
Le bilan dressé par Jules Desmarets est très positif : "J'estime pour ma part que ce fût une réussite complète: le plaisir des gilles -l'ordre dans lequel tout s'est déroulé- la foule qui a suivi- l'esprit de famille de la Société-la qualité des nouveaux gilles. Nous ne nous sommes pas embarqués dans une galère, mais dans un bateau pour Cythère."

La question du brûlage des bosses est à nouveau posée pour 1963. Il est décidé de ne pas le faire mais de maintenir le rondeau final qui est un magnifique coup d'oeil avec les paniers en l'air. Cela doit devenir une tradition.

Anecdote amusante, en 1997, Willy Vanquaelle demande s'il ne serait pas possible d'empêcher le stationnement des voitures devant le local, le Mille Colonnes, pendant le rondeau, l'accès au local étant rendu très difficile.

Le président insiste aussi sur l'importance du parrainage. Le parrain est responsable du nouveau gille. Willy Vanquaelle dénie tout parrainage de complaisance. Les critères requis pour une candidature : la valeur du candidat, l'assurance de sa présence  aux soumonces et à toutes les prestations du Laetare ( y compris le cortège du lundi ), son esprit et le port du chapeau fortement souhaité.

Des remerciements sont adressés à "l'Ancien", pour les ramons qu'il a confectionner gratuitement pour les membres de la Société,  "au péril de sa vie, en allant chercher le bois nécessaire sur les terrils."  Il est applaudi.

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La suite est à paraître prochainement !

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